Bibliothèque de l'Algérie ancienne
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                              Par quel bizarre principe d’humanité 
                              la servitude a-t-elle été introduite 
                              dans le monde ? Et comment les hommes se sont-ils 
                              imaginés qu’ils pouvaient se rendre 
                              maîtres de la vie et de la liberté 
                              de leurs semblables ? […] Semble-t-il que 
                              le droit de la guerre doive s’étendre 
                              jusque là ? Je sais bien qu’on a prétendu 
                              que la vie du vaincu était à la disposition 
                              du vainqueur, et qu’il a paru moins barbare 
                              d’ôter à notre ennemi la liberté 
                              que la vie. Mais sur quel fondement avons-nous cru 
                              que sa vie fût en notre pouvoir, quand il 
                              n’est plus en état d’attenter 
                              à la nôtre ? Tous les prisonniers de 
                              guerre, soit qu’ils aient mis les armes bas, 
                              soit que nous les ayons désarmés, 
                              doivent être en sûreté avec nous, 
                              parce que nous ne combattons pas pour tuer des hommes, 
                              mais pour conquérir des États. Combien 
                              avons-nous moins de droit sur la vie des peuples 
                              qui habitent ces États ; et si leur vie n’est 
                              point à nous, pourquoi la leur faisons-nous 
                              racheter par leur liberté ? Nous faisons 
                              pis encore, nous chassons aux hommes comme des bêtes. 
                              Nos incursions et nos descentes ne sont-elles pas 
                              des espèces de chasses ? Nous enlevons tout 
                              ce que nous rencontrons, ou nous tuons tout ce que 
                              nous ne pouvons enlever ; et nous faisons nos esclaves 
                              d’une infinité de créatures 
                              qui n’étaient point nos ennemis. Que 
                              devient alors ce fondement de la servitude ; et 
                              par quel droit sommes-nous les maîtres de 
                              la vie des gens, dont nous nous contentons d’usurper 
                              la liberté? La plaisante humanité 
                              que la nôtre ! »Histoire (anonyme) des dernières révolutions du royaume de Tunis, 1689.
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